En matière d’e-commerce, la conquête de nouveaux marchés semble adopter la même logique que celle du commerce traditionnel : alors que les commerçants en ligne français s’apprêtent à développer de nouveaux usages (via le commerce mobile), les grands groupes visent davantage le marché des pays émergents. Leur objectif : s’implanter sur ces Toiles montantes avant que les pures players mondiaux n’en prennent le monopole. Pour autant, cette approche de la solution ecommerce dépend d’un facteur technique parfois oublié : celui de la vitesse de connexion à l’Internet local ! Les analyses techniques, mais aussi des usages culturels du web font même tomber quelques préjugés bien ancrés !
La vitesse de connexion augmente dans le monde
Sur le plan technologique, Internet continue à tisser sa toile mondiale. Son accès s’améliore même chaque année, comme le prouve le dernier État des lieux de l’Internet’ réalisé par Akamai. Ce dernier a analysé 175 pays et régions au second trimestre 2013. Résultat : la vitesse moyenne de connexion a augmenté de 5,2% à 3,3 Mb/s sur le plan mondial.
Si certaines pertes de vitesse ont pu être observées, l’immense majorité des pays (127) ont enregistré une hausse : de +0,6% en Argentine (2 Mb/s) à +262% en Côte d’Ivoire qui atteint désormais 1,6Mb/s ! Malgré ces disparités, la tendance sur le long terme s’avère positive et même prometteuse au vu des progrès enregistrés chaque trimestre.
Les pays les plus rapides ne sont pas forcément ceux que l’on croit !
Les pays bénéficiant des plus grandes vitesses moyennes de connexion restent les mêmes : la Corée du Sud truste le Top Ten avec 13,3 Mb/s, suivie du Japon (12 Mb/s). Le premier pays européen est la Suisse (11 Mb/s), talonnée par la Lituanie, les Pays Bas et la République Tchèque ; tous devant les États-Unis (8,7 Mb/s) !
‘Et la France ?’ me direz-vous. Il faut se pencher sur l’analyse Europe-Moyen Orient-Afrique d’Akamai pour la voir apparaître… en 37e position avec 5,7 Mb/s ! En hausse toutefois de 23% par rapport à 2012. L’Afrique du Sud gagne 26% avec une vitesse de 2,3 Mb/s. Quant à l’Asie, elle poursuit son développement, même si certaines disparités existent entre les métropoles et les régions moins développées (Philippines 1,6 Mb/s et Vietnam 1,7 Mb/s). Même scénario en Amérique, où les États-Unis enregistrent une moyenne de 8,7 Mb/s ; là où le Venezuela, l’Argentine ou le Brésil demeurent sous les 3 Mb/s. Mais une fois, encore la tendance de fond est à la hausse.
Solution ecommerce : entre technologie et usages, gare aux idées reçues !
Si en Europe, un Internet trop lent peut constituer un frein à l’implantation d’entreprises sur un territoire, la vitesse de connexion ne semble pas être aussi déterminante sur le plan mondial. Se focaliser sur ce seul paramètre reviendrait à oublier un facteur tout aussi important : celui des usages culturels.
L’étude sur les web acheteurs publiée par PWC en 2013 est éloquente sur ce point : le e-marché mondial est en hausse régulière (+ 21% en 2012 selon eMarketer), mais les comportements d’achats diffèrent de façon importante d’un pays à l’autre.
Ainsi, les Français, les Canadiens et les Britanniques gagnent la Toile en quête de la bonne affaire, quand leurs homologues suisses, russes et néerlandais privilégient l’aspect pratique du e-commerce.
Paradoxalement, les Européens restent peu enclins à recourir à leur Smartphone ou à leur tablette pour acheter en ligne (seuls 10% en France, en Allemagne et aux Pays-Bas), tandis que les internautes de Chine, de Turquie et de Hong-Kong s’y adonnent à loisir (40% à 50% des acheteurs). Malgré leur vitesse de connexion modeste, les Brésiliens semblent les plus à l’aise sur le web : ils utilisent les terminaux mobiles et achètent régulièrement sur un site de réseau social, là où les Français – plus frileux – demeurent très attachés aux distributeurs traditionnels installés sur la Toile !
Si la vitesse de connexion est un paramètre décisif dans les pays connectés matures, elle semble moins cruciale dans les pays émergents : pour ces derniers, la hausse des revenus et l’accès récent aux multiples services du web semblent stimuler le e-commerce local et les achats ‘coups de cœur’. Chaque pays parait ainsi s’approprier le commerce mondial, à sa façon et selon ses priorités. C’est aussi cela la magie du web.